Originale | RUSSO [1] / RUSSIAN [1] / RUSSE [1] |
Le Déserteur Monsieur le Président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Monsieur le Président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Ma décision est prise Je m'en vais déserter Depuis que je suis né J'ai vu mourir mon père J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants Ma mère a tant souffert Elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes Et se moque des vers Quand j'étais prisonnier On m'a volé ma femme On m'a volé mon âme Et tout mon cher passé Demain de bon matin Je fermerai ma porte Au nez des années mortes J'irai sur les chemins Je mendierai ma vie Sur les routes de France De Bretagne en Provence Et je dirai aux gens: Refusez d'obéir Refusez de la faire N'allez pas à la guerre Refusez de partir S'il faut donner son sang Allez donner le vôtre Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président Si vous me poursuivez Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer | DEZERTIR Počtennyj Prezident! Ja vam čerknul slovečko. Pročtite (nu, konečno, Koľ vydastsja moment). Včera ne (nu i nu!) – Povestka iz policii, Čto dolžen, mol, javiťsja ja Nemedlja na vojnu. Vsë v žizni pomnju ja: Kak moj otec končalsja, Kak s braťjami prošćalsja, Kak plakalo ditja I kak stradala mať. Eë už na svete, Ej na červej i əti Bombëžki naplevať Poka sidel v tjurme, Menja ženy lišili I dušu sokrušili. Vsë prošloe – vo ťme. A zavtra ja čuť svet Zaxlopnu dver’ xibary, Čërt s neju, s žizn’ju staroj, I net menja kak net. Kak nišćij pobrožu Po vsem dorogam Francii Bretanii i Provansy I ljudjam ja skažu: “My – ljudi, ne raby, Ne pušečnoe mjaso. My gibnem ponaprasnu, Ne dalo nam paľby!” Čto, krovi boľše net? Svoju i podarite. Už boľno vy xitrite, Počtennyj Prezident. Žandarmam, Vaša vlasť, Skažite, esli nužno, Čto ja veď bezoružnyj – Puskaj streljajut vslasť. |